Togetherness:           Chantal Edie & Zacharie Ngnogue


Chantal Edie (Bangem, 1981) est une artiste plasticienne et écrivaine qui vit et travaille à Douala. Elle est titulaire d’un master 1 en sciences politiques, d’une licence en histoire et d’un « HND in health and social care » obtenu à Reading en Angleterre. Ses travaux oscillent entre l’écriture à travers des essais, et la photographie. En Septembre 2017, Chantal fonde African Women in Photography, une plateforme digitale qui a pour but de promouvoir le travail des femmes photographes en Afrique.


Zacharie Ngnogue( Bandjoun, 1981) est un artiste visuel qui vit et travaille à Douala. Graphiste de formation, sa pratique artistique est majoritairement centrée sur la photographie et la vidéo.


Ensemble en 2015, Chantal Edie et Zacharie Ngnogue forment le duo Togetherness. Togetherness pose un regard critique sur la société en général et sur celle camerounaise en particulier, à travers le médium de la photographie. Leur travail se manifeste par la création de plateformes telles que : Studio Xl fondé en 2013, un studio d'art photographique qui a pour ambition de participer à l'amélioration de l'image de l’Afrique; PixAfrica mise en ligne
en 2018, une banque d'images qui présente l’Afrique dans toute sa beauté et sa splendeur à travers les oeuvres de photographes venant du continent.


Depuis sa création, Togetherness a participé à plusieurs projets artistiques et expositions collectives au Cameroun et à l'échelle internationale. Entre autres en décembre 2017, il a participé au workshop AtWork animé par le commissaire d'exposition Simon Njami et organisé par la fondation Moleskine à la Galerie MAM à Douala; à « Vivre Photographie de la résilience »( 2019), une exposition collective organisée par la fondation Dapper à Gorée au Sénégal); à « Rémanence » (2019 )une exposition internationale collective de photographie dans le cadre de la troisième édition du festival Yaphoto; à "Aujourd'hui" (2020) une exposition collective multimédia commissariée par Simon Njami et organisée par la banque mondiale au Musée National du Cameroun à Yaoundé; à CORONA CALL ( 2020), une exposition collective organisée par SANA SANAA à Fahrbereitschaft Haubrok à Berlin,
qui documente la pandémie du corona à travers une sélection d’images de 25 projets d’artistes.


En 2019, leur série « Le Marché des femmes » soutenue par un article de Chantal a été sélectionnée par l'Université européenne des sciences humaines de Vilnius (Lituanie) pour une conférence sur Simone de Beauvoir et la condition post-féministe au 21ème siècle en octobre dernier.


En 2020, ils fondent l’espace d’art The Forest Creative Loft, un tiers-lieux expérimental situé à Bali dans la ville de Douala.


En 2021 ils entrent dans la collection du Théâtre Paris-Villette avec une oeuvre de leur série Coronic Psychosis qui etait présentée dans le cadre de Africa 2020.


En 2022 ils entrent dans la collection de la fondation Kadist à travers trois oeuvres de la serie AU NON DE LA LIBERTE qui à emprunté son titre à leur première exposition solo à l'institut francais de Douala au Cameroun en octobre de la même année.


Ouvrage : Semillas de Africa

Recueille de poème paru à Madrid en Espagne aux éditions Amargord en 2017, fruit d’une collaboration avec le Dr Michel Feugain.



Ouvrage : Au NON de la LIBERTE(Une reflexion collective et transgénérationnelle sur la liberté)

Livre-Catalogue parru aux éditions StudioXL lors de la premiere exposition solo de Chantal et Zacharie à l'institut francais de Douala au Cameroun.


Au Non de la Liberté (Tiko drink Kumba drunk)

 

The geopolitical climate of the past decade around the world has seen the expansion of authoritarian and totalitarian governance regimes, Cameroon being one of them. Propaganda and repression have set themselves up as a counter model to democracy, which is still defended as the political system par excellence. Violations of human rights have become daily practices, gradually establishing themselves as norms even in personal and intimate spaces. Freedom has become a utopia there.

 

The body of works Au Non de la liberté (Tiko Drink-Kumba Drunk) is viewed as a demonstration, a manifestation!

 

Au Nom de la liberté (Tiko Drink-Kumba Drunk) is a photographic project that looks critically at the state of freedom of expression, of manifestation and the freedom to public space in Cameroon.

Protesting is no more a possibility; the State has taken the public space hostage by prohibiting and contributing to the erasure of certain bodies and almost all citizen bodies.

In this works, using photomontage the artists are teleporting and imposing themselves in front of public and administrative buildings. Majority of these infrastructures are inherited from colonial times and were used as offices of colonial masters. Today they house the current government whom ruling follows that trajectory. The contrast of colours intends to play with the idea of past and present co-existing together: The colonial master has left but their work continues through the current governance; additionally, a scale play between the bodies in the photographs and the buildings intends to create a balance that should in normal circumstances exist between citizens and the power that rule them.

 

Exposition "Au non de la liberté IFC Douala, octobre-novembre 2022
Chantal Edie & Zacharie Ngnogue

Le marché des femmes

Wikipédia : l’encyclopédie libre en ligne définie :

- le marché comme un lieu géographique ou social de rencontre entre l'offre et la demande pour un bien ou un service.

- La dot comme l'apport de biens par une des familles, ou par le fiancé, au patrimoine de l'autre, ou du nouveau ménage ; elle accompagne le mariage dans de nombreuses cultures.

 

Dans plusieurs cultures africaines et particulièrement au Cameroun, la dot est exigée au fiancé. Cette dot autre fois symbolique à évoluer avec le temps pour laisser place à un véritable marché ou le fiancé est le seul « client » face aux marchands (la famille de la fiancée) qui produisent les listes qui vont du simple à très exorbitants et parfois même insolites.

Nous avons fait plusieurs reportages de dot et de mariage traditionnel du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest dans notre pays et à chaque fois, nous étions impressionné et parfois même choqué par les liste de dot et les demande interminables aux fiancés. Une phrase revenait a chaque fois des responsables de familles des fiancée : « Ce la tradition, nos ancêtres avaient décidés ainsi.» Le déclic pour ce projet a été lorsque après mes fiançailles avec Chantal, nous avons décidé de demander à son père la liste de dot et grande à été notre surprise de recevoir une liste très modeste qui nous a conduit à des questionnements suivantes :

- Sur quel critères se basent-on pour fixer le prix de la dote ?

- Nos ancêtres qui auraient décidés que la dot soit aussi élevée ont-il préparé le terrain, forger la société de sorte qu’un jeune qui décide de se marier, ne puisse pas voir en cette liste un frein à son épanouissement ? (Le cas du Cameroun ou partir de chez ses parents à 30 ans est un exploit et le SMIC est fixé à 36000 XAF est patent)

- La dot est elle une forme de traite moderne des femmes ?

- En ce moment où l’on milite de plus en plus dans le monde pour l’égalité du genre, l’exigence de la dot n’est-elle pas de nature à soutenir plutôt le patriarcat ?

« Le marché des femmes » donne la parole aux femmes pour raconter leur dot.

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Présentation: Simone de Beauvoir et la condition Post feministe au 21eme siècle
"Le marché des Femmes" présenté par Chantal Edie à Vilnus en Lituanie le 19 octobre 2019
Le marché des femmes_ZaCha_2019_Present
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It is on us.

My mother has been in Douala for 6 months now and it’s driving her crazy. In February after complaining for days and days; even to the point of trekking to Bangem if we don’t provide her with her transportation fare. My mom has played all the tricks so that we let her go back to her home. There are some mornings I have met her up, all dressed up with a wrapper tied around her waist. This particular morning the time was 5:50, she was sat on the chair, hands on her knees and head bowed down. She gently raised her head and said: I can't anymore! Mom are you not glad to be with your grandchildren? Everyone was there including my sister’s children. That was always my last card to make her feel guilty but today, it didn’t seem to work. This was a week before the 11 February youth day national celebrations in 2018. The tension was high in the southwest and Northwest provinces, the presence of the military had thrown the zone into total insecurity. The regime in place boasted they had militarized these zones to secure its citizens from the people whom they proclaim as a secessionist terrorist. It all started with peaceful protest march from a people tired of the unresponsiveness of the gov’t after decades of marginalization in the education and justice systems, just to mention those. The inhuman treatment from the military used by the gov’t to suppress this protest marches is what has geared Cameroon into an ‘Anglophone crisis’ today. Where the people fight against the people. Dialogue has been pushed aside even though it is the clear solution to the crises. It took Zach some time to adapt to the Internally Displaced Persons we had at home, 4 in total including one nonrelative who was physically violated by the BIR before finding refuge here. A whole routine was affected, financially, socially and psychologically not only for us but for them as well. We have learned to tolerate each other for the past 2 years and today we have all adapted to the new routine, except for mom who still wants to go home.

On y retrouve à cette periode 2 noms distincts pour le meme pays (Republique fédérale du Cameroun et Republique du Cameroun)
Passport de la republique fédérale du Cameroun (1964) On y retrouve à cette periode 2 noms distincts pour le meme pays (Republique fédérale du Cameroun et Republique du Cameroun)

UnImaginable

Le 14 février 2017, Chantal ma compagne et moi avons perdus notre petite Emilia née 3 mois plutôt le 16 novembre 2016. Pendant la grossesse de Chantal, je lui ai fait des photos pour nos souvenirs, mais après la perte brusque, nous avons pris la résolution ensemble de faire notre deuil au studio en continuant a écrire nos émotions et ressenties avec la lumière par ce que travaillant ensemble. Et par la suite nous avons cherché dans notre entourage des personnes ayant vécus le même drame et nous nous sommes rendu compte que plusieurs amis et connaissances avaient déjà perdus un enfant ou connaissaient un proche qui vit avec cette empreinte indélébile. Ici, nous nous engageons à soumettre aux contemporains la rémanence des affres des décès que connaissent beaucoup de parents et qui, par manque de moyen, restent dans la solitude et le désœuvrement les plus ternes. Combien de parents souffrent en silence la perte d’un enfant sans que cela n’émeuve personne ? Si l’enfant est –comme nous le pensons– le devenir de l’humanité, que reste-t-il de cette humanité lorsque nos progénitures décèdent? Quels dispositifs d’accompagnement pour aider les parents ? Montrer cette série au monde entier trouverait bien son essence dans l’idée de faire-voir pour faire-savoir afin qu’un suivi soit pensé pour panser le cœur des parents et des familles endeuillées en perpétuel rémanence. Le Dr Michel Feugain a produit un magnifique texte sur cette série baptisée UNIMAGINABLE et pour lui, Ce projet se veut aussi un hymne à la vie. Hymne qui devra être chanté dans tous les cœurs brisés et sous la fenêtre des parents en souffrance car derrière toute épreuve il y a toujours la force de se relever et de continuer le chemin.


Takembeng

Ces images n'ont pas besoin d'un récit; ils parlent pour eux-mêmes. Si vous suivez ce qui se passe dans le monde depuis longtemps, vous comprendrez alors que la question qui se pose ici est celle de l’activisme politique, de la violence policière, de la diffusion de l’information et de la montée en puissance des dirigeants peu soucieux des conditions de vie de la majeur partie de leur compatriote.

Nous partons du cas particulier du Cameroun d’où Chantal et moi sommes originaires, elle de la partie anglophone et moi de la partie francophone pour nous questionner sur l ‘opportunité d’une guerre qui finira de toutes les façon où elle aurait du commencer c'est-à-dire autour d’une table de dialogue. Fin 2017, début du conflit armé dans la crise présente depuis fin 2016 dans les régions anglophones, de nombreux appels à la création de groupes armés d' »autodéfense contre les forces d’occupation » camerounaises ont été lancés par des leaders séparatistes depuis l’étranger et diffusés sur les réseaux sociaux.

Malgré de nombreux appels au dialogue par la société civile, les parties et leaders politiques et la communauté internationale, l’état du Cameroun continue contre vents et marées à militariser la zone faisant fi des conséquences dramatiques sur l’armée, la population et l’économie.

D’où part ce sentiment de certains camerounais de ne pas appartenir à la république ?

Après la défaite de l’Allemagne en 1918, la Société des Nations (SDN, ancêtre de l’ONU), place les quatre cinquième du Kamerun allemand sous tutelle française, et la partie occidentale bordant le Nigeria sous tutelle britannique.

La partie française devient indépendante en 1960. Un an plus tard, une partie du Cameroun sous tutelle britannique (le nord majoritairement musulman) opte pour son rattachement au Nigeria et l’autre partie pour son rattachement au Cameroun francophone, pour former une République fédérale à partir du 1er octobre 1961.

En 1972, un référendum met fin au fédéralisme et le Cameroun devient la « République Unie du Cameroun » et en 1984 Paul Biya actuelle président du Cameroun depuis 1982 décide par un décret de changer ce nom en « République du Cameroun » qui n’est autre que le nom du Cameroun oriental avant 1961.

Aujourd’hui, le comble pour le Cameroun est l’absurde qui voudrait que les hommes d’une même nation se déchirent alors que l’histoire ancienne et récente les enjoint de s’unir. Or, il nous est donné de penser que le peuple est aujourd’hui guidé par une caste dépassée par leurs propres prérogatives, des dirigeants aux épaules frêles sur lesquelles aucun costume ne semble plus être à leur mesure.


Nyang-Nyang

Le Nyang-nyang encore appelé Nekang ou Nkee, signifie puissance ou magie. Exécutée par les peuples Baleng et Bafoussam dans la partie ouest du Cameroun, c’est une danse de cérémonie initiatique qui a lieu tous les deux ans et coïncide avec la période des récoltes ou lors des funérailles d'un notable de haut rang. Elle est aussi symbole de richesse économique. Le Nyang-nyang est le cri des corbeaux qui assistent en quelque sorte les femmes aux champs pendant les récoltes.

Nous avons profités des funérailles de monsieur Talle Pierre (notable Baleng) le papa d’un de nos amis pour s’immerger au cœur de cette dance qui reste mystérieuse et mystiques pour de nombreux observateurs internes et extérieurs de Bafoussam la capitale de la région de l’ouest Cameroun.

Ce sont des jeunes garçons déguisés en véritables guerriers qui arrivent sur la place de fête du village, Ils ont le torse nu, colorés à l’huile de vidange ou à la peinture blanche pour les Nyang-Nyang blancs, avec des défenses d’animaux entre les mains. C’est la marque distinctive des initiés au « Nyan Nyan», Une danse ancestrale qui dure depuis plus de 8OO ans. Ce déguisement est l’occasion pour beaucoup d’initié d’affirmer leur personnalité et leur caractère (confère image jeune portant un string). Le corps des danseurs vibre au rythme des tam-tams, des pas de danse arrachent au passage des slaves d’applaudissement des enfants, des veuves du défunt dénudés et des spectateurs.

Etant convaincu que le peuple Fussep (Bafoussam) est attaché à son patrimoine et son identité culturelle, il aime ses racines et veut les faire connaître au point d’en faire tout un festival qui porte le nom Nyang-Nyang, ceci est notre contribution à la promotion de ce patrimoine.


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